L’Alliance Française des Designers, partenaire de longue date de l’APCI et de Designers Interactifs, a néanmoins proposé à travers sa Charte des écodesigners, la définition suivante : une approche de conception qui prend en compte la responsabilité écologique, sanitaire, la justice sociale et l’apport culturel — pour nos contemporains et les générations futures — dans l’innovation, la conception et le développement de produits et services. L’écodesign intègre ces paramètres dans une approche systémique. Cette approche doit se comprendre dans une démarche d’amélioration continue en fonction des avancées technologiques, scientifiques et des connaissances humaines du moment.
Le but ici n’est pas tant de nommer et de définir que de donner envie aux designers, de questionner et d’ouvrir des perspectives, en se donnant pour cadre 10 points clé de l’approche systémique. Ces points étant à considérer comme les notes d’un instrument de musique à partir desquelles le designer composerait un morceau. Selon le choix des notes, les accords seront plus ou moins mélodieux, plus ou moins affirmés… Alors bien sûr, il faut commencer par faire des gammes et pour cela, il est important de comprendre les notions de cycle de vie, les enjeux du développement durable, apprendre à questionner au-delà du discours marketing, apprendre à décrypter les informations scientifiques,… c’est une démarche patiente et ouverte, une démarche d’amélioration continue.
Pratiquer l’«écodesign » n’est pas tant une question de compétences qu’une question de volonté. Comment, en tant que designer, je pense pouvoir améliorer la qualité de vie de mes contemporains tout en préservant notre environnement commun? On s’est trop focalisé sur des réponses techniques, les « greentech », sésame d’un monde plus « vert », en négligeant le facteur humain, difficilement réductible à des normes et des tableaux excel. En empruntant à la technique d’incontestables bienfaits mais sans omettre de placer les hommes et les femmes au cœur des dispositifs, le designer agit avec intelligence et empathie. En s’enrichissant de compétences transdisciplinaires et en basant ses pratiques sur l’écoute, le designer favorise l’innovation sociale. Il s’engage ainsi dans une démarche responsable qui prend ses distances avec les impératifs d’une société uniquement consumériste.
Le design contribue à l’habitabilité du monde, comme le disait Alain Findeli, designer-chercheur, et c’est en cela qu’il est également politique, au sens premier du terme. Ezio Manzini, designer et enseignant au Politecnico de Milan, nomme design activists, ces designers qui par leurs actions ouvrent des perspectives nouvelles, de nouvelles approches de conception, et qui, pour penser le monde de demain, invitent à des innovations radicales. Les enjeux sont immenses, le champ des possibles en termes de design également.
Béatrice Gisclard
Consultante en développement durable et eco design
Collectif les 6D
Administratrice AFD