Parce qu’il touche aux tripes, en appelle à la cervelle et convoque à sa table tous les sens avec toujours la grande difficulté de faire « bon », le design culinaire défend de vraies spécificités. En plaçant le gustatif en juge de paix absolu, l’implacable exigence de ce design est de donner du plaisir, mais là n’est pas son unique objectif.
Faire du design culinaire impose en plus, de vouloir exprimer des intentions, des relations, des émotions. C’est donc une spécialité certes, mais comme le designer se nourrit aussi de transversalité, on ne doit pas nécessairement en faire une affaire de spécialiste : le design culinaire, c’est d’abord du design !
Par ailleurs, il ne s’agit pas de se substituer aux professionnels des métiers de bouche, mais de s’ouvrir à une complémentarité avec eux qui fasse sens.
Enfin, si depuis une dizaine d’années que le vocable design culinaire est apparu, son impact médiatique n’a cessé de croître, on est encore loin d’une diffusion tangible dans l’économie réelle. Face à des métiers de bouches et une industrie agroalimentaire encore méfiants, il reste, encore et toujours, à éduquer les décideurs pour rendre enfin accessibles au plus grand nombre les fruits de cette jeune branche du design.
Stéphane Bureaux